histoires :
Le principe aérodynamique des avions est inspiré par la nature : des ailes qui se déplacent dans l’air pour générer une résultante aérodynamique. Les sources d'inspiration sont légion, depuis les libellules du Carbonifère jusqu'aux insectes et oiseaux actuels, en passant par les ptérodactyles et les chauves-souris.
Mais les premiers aéronefs n’ont été inspirés ni par le vol des oiseaux ni par l'aérodynamique. Leur principe de fonctionnement fait appel à la poussée d’Archimède (un corps immergé dans un fluide qui pèse moins que le volume de fluide déplacé).
Des lanternes à air chaud adoptant ce principe sont utilisées en Extrême-Orient depuis plus de deux millénaires.
En Europe, ce sont d’abord les montgolfières à air chaud qui font leur apparition (Gusmão en 1709 puis Montgolfier en 1783), puis les ballons à gaz (Charles en 1783) et finalement les roziers, hybrides air chaud - gaz (Pilâtre de Rozier en 1785).
Septante-quatre ans séparent les modèles réduits de Gusmão du décollage de la première montgolfière transportant des hommes en 1783. Dans la même année décolla le premier ballon à gaz, et deux ans plus tard le premier hybride air chaud - gaz, appelé désormais « rozier ».
Ainsi il n'aura fallu que trois ans de développement, à la fin du 18e siècle, pour que les trois types connus des plus légers que l’air - non dirigeables - prennent l’air.
En 1852, Giffard réussit le vol du « premier dirigeable », soixante-neuf ans après l’ascension des premières montgolfières. Son succès grava dans le marbre un ensemble d’éléments relativement simples et efficaces qui représentèrent dès lors la « formule dirigeable » : enveloppe, nacelle, hélice.
Aujourd’hui encore, quelque cent soixante ans après le vol de Giffard, on applique toujours cette même orthodoxie avec de légères variations : enveloppe, nacelle, hélice. Cette formule s'est révélée tellement invariable que le développement des dirigeables semble né et mort le même jour.
préhistoires :
Comme on le dit ailleurs dans ce site : « Le bilan des cent cinquante années d'exploitation plus ou moins suivie du dirigeable est négatif et sans appel : le concept et ses réalisations sont restés à l'état d'archétype, confinés dans une enfance attardée, prisonniers de leur paradigme originel, incapables d'évoluer et de mûrir. »
Justement, et pourtant, le state of the art des dirigeables a, potentiellement, une grande marge de progression. Mais la progression ne viendra pas, comme le montre l’histoire, d’innovations mineures incrémentales auxquelles on assiste depuis 160 ans.
La progression sera radicale, de rupture. Et elle viendra à nous en réinterprétant, à la lumière de la technologie du 21e siècle, la richissime préhistoire des machines volantes plus légères que l’air.
postulats :
1. Les échecs commerciaux et opérationnels des dirigeables occultent le fait que les aérostats constituent une plateforme de développement scientifique et technologique extrêmement efficace. Plus que l'aspect commercial, l’importance du dirigeable dans l’actuel state of the art de la technologie reste la recherche appliquée. Pour une exploitation commerciale, il faudra une rupture.
Premier postulat du programme SEARCH : recherche appliquée pour produire une rupture.
2. Les recherches actuelles sur les dirigeables se concentrent essentiellement sur l’histoire contemporaine et les perspectives futures, en faisant une abstraction totale de la richissime préhistoire du dirigeable (avant 1852). Sans oublier qu’un dirigeable est davantage que l’addition d’éléments disparates : le développement des nouvelles technologies invite à une recombinaison décomplexée des ressources techniques du 21e siècle avec des idées et des concepts des 17e et 18e siècles.
Deuxième postulat du programme SEARCH : le futur est contenu dans le passé.
3. Les constructeurs des premiers dirigeables n’avaient pas sous la main des ressources matérielles dédiées. Pour les modèles les plus primitifs, ils empruntèrent pour chaque partie de leurs aéronefs ce qui était disponible « dans les rayons » des autres industries ou inventèrent des solutions originales sur mesure. Puis, en quelques années, l’industrie du dirigeable s’est lentement développée et un savoir-faire industriel et scientifique s’est constitué, avant de s'amenuiser jusqu’à presque disparaître. Les dirigeables contemporains sont construits sur les vestiges, parfois diffus, d’un savoir-faire presque disparu mais, de toute évidence, anachronique et inadapté.
Troisième postulat du programme SEARCH : le savoir-faire des dirigeables passés et présents est inadapté et inutilisable.
Le programme SEARCH se matérialise alors au travers de la recherche appliquée, qui explore la préhistoire des dirigeables, afin de produire une rupture, sans prendre en compte le savoir-faire des dirigeables du passé et du présent, car inadaptés et inutilisables.